Logomachies c'est
à l'évidence un rapport à la littérature.
Un rapport d'amour-haine avec la littérature.
Maintenant si
on me demande à quelle catégorie ces oeuvres appartiennent
je dirais le dessin. C'est du dessin contemporain.
J'ai réalisé ma première logomachie avec l'ouvrage
Walden de Thoreau. Cette oeuvre avait été une bible
pour moi. Et puis un jour elle s'est tarie et ne me parlait plus.
Alors, comme pour jouer cette relation à pile ou face, j'ai
détaché une à une les pages du livre et je les
ai collées sur le mur de mon atelier. "Walden ça
fait 5 mètres carrés" a dit une voix iconoclaste
en moi.
Ainsi notre relation s'est poursuivie et le collage est toujours là.
J'ai pris le risque de sacrifier ce livre qui m'avait tant accompagné.
Pour voir s'il avait encore quelque chose à me dire. Et j'ai
vu. Les mois ont passé et j'ai saisi le pouvoir graphique de
l'écrit, les modes selon lesquels il opère. Mis hors
distance de lecture, placé à la distance d'une oeuvre
picturale l'écrit perd son pouvoir premier, il quitte le territoire
de la narration pour se transformer en graphisme, on y voit l'oeuvre
du linotypiste. Ce faisant il n'est plus l'oeuvre singulière,
le récit particulier, il se métamorphose en archétype
de la littérature.
C'est ainsi que j'ai réalisé que cet élan ne
consisterait pas à reproduire pareilles installations ni à
exposer à la gloire de Walden. Pour le spectateur le nom du
livre sacrifié n'était pas la question. Ce à
quoi il assiste c'est à une mise en tension de la littérature.
Fallait-il pour
autant reproduire un collage minimaliste comme celui de Walden ? Car
cette approche est suffisante pour que s'opère la métamorphose,
avec ce passage d'une lecture séquentielle à une vision
simultanée qui fait toute la différence. Coller suffit.
Mais rien n'empêche d'y ajouter une dose de chaos ainsi que
des traces personnelles. D'y aller de ses propres encrages. J'en ai
eu le désir. C'est ainsi que ont nées les Logomachies.